Témoignage de
Guy WACH

 

Première
rencontre 
1965

En tant que complice d'Eric
pour les retransmissions de matchs de football 
à Radio France Alsace



Dernière
rencontre
2000

 

Né en 1953

Journaliste -Animateur radio et télé
 depuis la fin des années 70
(Tournage dans nos localités. Montage. 
Emission actuelle :
 "France bleu Alsace 
s'installe chez vous
"
le samedi et le dimanche de 16 à 19h)

Réalisateur de documentaires
(voir par exemple : ici)

Retransmissions régulières
 de matchs du Racing
 de 1987 à 1995
puis plus sporadiquement.
A nouveau régulièrement
 fin des années 2000 à 2012 
où les retransmissions ont cessé.

 

La première fois que j'ai rencontré Eric, ce devait être au milieu des années 60 ; j’étais alors âgé d’une douzaine d'années et lui d’une bonne vingtaine. J'habitais Mittelhausbergen et j'allais regarder les matchs du FC Niederhausbergen le dimanche après-midi. J'avais tout particulièrement une vraie admiration pour le gardien, grand, mince, impressionnant ; le genre de type à qui un petit garçon a envie de ressembler. 
Plus tard, au milieu des années 80, quand j'ai rencontré Eric à la radio et à la télé, il m'a semblé reconnaître ce gardien. Il avait ce côté un peu protecteur du grand frère qui sait et qui veut votre bien… comme j'imaginais le gardien de Niederhausbergen ! J'en ai parlé un jour avec lui, mais il n'a pas dû répondre clairement, ou il a éludé… Je n'ai donc jamais su... (1)
Eric était plutôt discret sur sa vie.

C'était un homme pressé, qui maintenait une distance avec les grandes et les petites histoires de radio ou de télé. Certaines personnes de ce milieu lui avaient fait comprendre qu'il était - en tant que professeur – « en dehors »… et il se le tenait pour dit. Je pense qu'il en a souffert, nous en avons parlé l'une ou l'autre fois ; il savait que, comme lui, j'avais du mal à accepter ce fait, que des interventions soient contestées alors qu’il avait la connaissance et la passion. Il comprenait bien sûr la mécanique administrative et faisait contre mauvaise fortune bon coeur, sachant qu’il ne quitterait pas l’Education Nationale ! C'était son choix.

Nous avons travaillé ensemble pendant une bonne vingtaine d'années. Parfois régulièrement - en particulier au début des années 90 ; période où le Racing et le FCM jouaient tous deux en 1re division - , de façon plus sporadique à d'autres moments.

Nous avions quelques gimmicks ; par exemple quand il y avait un coup-franc aux abords des 25 mètres, Eric posait la question « Un coup-franc comme qui ? » et je répondais « Comme Bernard Genghini en 8e de finale de la Coupe du monde en 82 contre l'Autriche ! » 
Petit signe extérieur de complicité.

A cette époque de duplex, j’avais instauré deux petits sonals qui permettaient de savoir ce qui se passait d'important sur l'autre terrain sans forcément interrompre celui qui était à l'antenne, un Allo maman bobo quand nous prenions un but, un Hans im Schnockeloch version reggae des Schilligemer  quand nous en marquions un. Ca amusait pas mal de monde… Mais un jour nous avons eu ordre de cesser ce rituel.

On a haussé les épaules… « Pas grave, disait Eric, on a un match samedi ! »

Et c'était à chaque fois le même plaisir, cette espèce de sentiment plus ou moins confus d'appartenir à une forme de communauté alsacienne réunie autour d'une équipe, d'un stade. La possibilité de se réjouir « ensemble » et je peux affirmer que 30 000 personnes qui exultent en même temps, on peut en penser ce qu'on veut, cela donne du frisson ! Et je savais que même pour un triste match de D2, Eric assurerait le spectacle, qu'il trufferait le reportage d'anecdotes sur l'équipe, d'historique du club et que nous parlerions de l'actualité du foot en général ; même s'il évitait de trop donner son opinion sur le Réal ou le Bayern..., car nous savions que nous n’étions pas au bistrot !!

Lui-même se réjouissait pour chaque match, comme s'il allait chausser les crampons pour une finale !

J'ai rencontré des tas de passionnés de foot, des fous furieux plus ou moins énervés ou des intellos qui cachent leur joie, mais jamais quelqu'un mêlant à ce point une passion absolue et une connaissance scientifique de l'équipe, du club et de son histoire. 
À la radio, Eric était connu pour tout connaître... la couleur du maillot de la saison 1964-1965, le lieux de naissance de Paul FRANTZ l'entraîneur d'alors, certainement le prénom de sa belle-mère et probablement son n° de passeport !!!
À une époque, j'étais en studio pour assurer le relais d'un lieu de retransmission à l'autre (en multiplex) et il m'arrivait – après m'être renseigné – de tenter de piéger Eric en le questionnant ; par exemple sur le nom du buteur d'un match quelconque dix ans auparavant. En vain. Il savait, se souvenait, comme si chaque fait concernant le Racing restait gravé. Cela dit, il connaissait tout aussi bien les petits et grands événements du foot international, national et régional.

Cette culture l'aidait beaucoup dans ses commentaires certains soirs de matchs moins animés sur le terrain. Quand il ne se passait pas grand chose au niveau jeu, Eric parlait de la vie de l'arbitre, d'un événement comparable quelques années plus tôt, de la situation du Club, mais aussi de l'entraîneur des minimes qui avait repéré un gamin prometteur... pour s'enflammer dès qu'un peu d'action se profilait. 

Une sorte d'emballement où se mêlaient la vision du jeu qu'on a des tribunes « A gauche !!! A gauche !!! » aux encouragements du supporter 
« Allez, on ne lâche pas, ça va rentrer, ça va rentrer ! »… qui atteignait son paroxysme à chaque but du Racing ! 

Ce genre de commentaires se fait beaucoup aujourd'hui, tout le monde prétend faire le spectacle avec le fameux goaaaaaaaaaal brésilien. Eric, c'était au delà de tout, sans réserve ! Dès qu'on approchait du but, il entrait en transe, mélange d'excitation et d'énergie, il poussait littéralement la balle dans les buts ! (2)

Quand il m’arrivait d’être avec lui en cabine, au moment crucial, je le voyais bondir de sa chaise les bras levés, hurlant, exultant et vivant le bonheur de l'instant victorieux ! Un triomphe sans réserve, une joie sans limite, pure et totale. Je connais des gens qui allaient à la Meinau avec un transistor collé à l'oreille pour écouter les commentaires d'Eric ! (3)

Quand je pense à lui, c'est cette joie qui me reste, cette capacité à transformer l'ex-prof, en apparence bien rangé, en être de passion et d'exubérance. 

Propos du 24 février 2013

 

1 - Voir à ce sujet le témoignage du FC Niederhausbergen.

Retour texte.


2 - Même malade, avec 40 de température, Eric allait assurer la retransmission ; comme si durant ce temps-là, rien ne pouvait l’atteindre !


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3 - Eric, ravi, racontait qu'un malvoyant se rendait parfois à la Meinau les soirs de match avec un transistor collé à l'oreille... Ainsi il « sentait » l’ambiance du stade tout en suivant le jeu grâce aux commentaires radiophoniques.

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