MICHEL FUCHS

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La vie de marché...

 
 

 

   
 

 © netcomete

Carte d'identité

 

Né en mars 1965 
Réside à Haguenau avec sa femme et son fils

Quelques éléments de son parcours

Michel a fréquenté le lycée technique jusqu'en 1983, année où il commence à contribuer au développement de l'affaire familiale avec son frère et sa sœur.

De nombreuses années de pratique de football en club qui le laissent assez sceptique,  puis un retour au sport individuel telles la course d'endurance et la natation.

Particularités

Un homme de contact, honnête et généreux, qui déteste l'esbroufe... 

 

Certains métiers sont inconnus du public... Celui de commerçant non sédentaire par exemple. 

Bien entendu, tous les jours vous êtes côtoyé par un grand nombre de personnes, puisque selon un sondage, près de 8 consommateurs sur 10 fréquentent un marché. Mais ceux-ci ignorent en général vos conditions de travail. Pouvez-vous nous les détailler ?

MF :
Je me lève à 4 h45 tous les matins, sauf le dimanche  en général, et  commence par un petit-déjeuner consistant ! Comme j'ai passé mon permis semi-remorque, je conduis le camion pour arriver vers 6 h à mon emplacement de marché (Haguenau, Strasbourg, Saverne, Sarrebourg, Molsheim...) Là il faut préparer le stand avant que les premiers chalands arrivent : parasols, poids, gouttières, chariots, tenants, puis sortir les vêtements et les mettre en valeur... Ensuite jusqu'à treize heures environ, je suis là avec ma sœur ou mon frère, pour conseiller le client et vendre

La seule liberté que j'ai, c'est de m'absenter quelques minutes pour prendre un café ou discuter avec d'autres commerçants ! Surtout par temps de pluie !

Commence ensuite l'opération rangement.

Vers quatorze-quinze heures je rentre chez moi et  mange. Lorsque j'ai une foire, c'est journée continue et il est plutôt  20 h lorsque je retourne à la maison. 

Passage sous une douche bien méritée; parfois une séance d'une heure de longueurs à la piscine ou de 10 km d'endurance, histoire de décompresser et de maintenir une forme physique nécessaire à ce métier. Car être malade, c'est ne pas pouvoir aller installer son stand et donc perdre une journée de travail, de salaire !

Et bien entendu, il reste la comptabilité à faire (caisse, paiement des factures, des charges inhérentes au fait que nous soyons inscrits au registre du commerce...) Ce qu'on appelle le "réassort" est également une tâche à ne pas négliger pour ne pas être en rupture sur le marché.

Régulièrement, il faut aussi se rendre  à Paris ou Lyon (départ en pleine nuit) pour faire les achats à nos adresses de référence... Il s'agit de proposer de la qualité à des prix raisonnables, de s'adapter à notre cliéntèle fidèle, aux saisons, de prévoir les tendances...

Pour moi, ma sœur ou mon frère, ce sont des semaines 
chargées, et un travail en plein air quelque soit le temps, sauf si neige, verglas et vents s'en mêlent ! Mais heureusement nous n'avons pas d'emprise sur la météo, parce ce serait encore un générateur de conflits ! (philosophe notre Michel !)

 

C'est un métier particulier. Si vous avez atterri sur les marchés, c'est grâce à votre famille, non ?

MF :
A vrai dire, ma mère vit dans ce domaine depuis sa petite enfance - d'ailleurs mon oncle maternel aussi. Elle a débuté sur les marchés de Paris. Elle nous est encore actuellement d'un conseil utile.

Mon père travaillait dans le domaine du commerce de la volaille à Haguenau. Ma mère est arrivée en Alsace car après-guerre elle s'est rendue chez ses grands-parents, verriers à Wingen-sur-Moder, et elle y a "déballé" des pelotes et pulls en laine et coton (à l'époque les matières synthétiques n'étaient pas encore utilisées) : les clients affluaient ! Puis elle a rencontré mon père. Ils se sont mariés. Ils ont ouvert un commerce de vêtements au centre de Haguenau (fermé depuis). Mais ma mère a continué la vente sur les marchés jusqu'à sa retraite (mon père a travaillé 20 années dans les transports).

Et moi, dès six ans, je passais beaucoup de mes journées de vacances derrière les stands ! En 1988, après mon service militaire, j'ai choisi de plein gré de rejoindre l'entreprise familiale :  je suis devenu à mon tour commerçant non sédentaire (cam' comme on dit dans notre jargon...).

Désormais, c'est une histoire de famille puisque mon frère, ma sœur de 30 ans (qui a fait un Bac commercial) et moi, nous sommes dans l'entreprise ! C'est un métier ardu, mais qui me convient, qui en vaut bien d'autres. 

Nous ne sommes pas ce qu'on appelle des forains ou des commerçants ambulants car nous avons une résidence fixe.

Nous sommes une entreprise familiale avec des conditions particulières de travail; nous devons savoir tout gérer nous-mêmes de A à Z; et celui qui a pratiqué la vente sur le marché est capable ensuite d'être excellent vendeur dans une boutique (l'inverse n'est pas forcément vrai !).

Le marché, c'est une bonne école d'endurance et de vente !

 

Comment percevez-vous le métier au quotidien, les contacts ?  

MF :
Je ne me pose pas de questions sur mes conditions et je travaille avec bonne humeur ! J'essaye de conseiller les clients et de rester sincère et honnête;  je suis capable de dire à quelqu'un : non n'achetez pas de pull polaire pour votre mari s'il veut courir, ce n'est pas adapté, préférez la microfibre, non cette jupe ne vous met pas en valeur par contre celle-là est mieux adaptée...

Nous sommes connus des  adeptes du marché, étant donné que nous pratiquons ce métier depuis longtemps aux mêmes endroits. Notre présence est presque une évidence et nous avons une clientèle fidèle. Nous participons aussi à des foires et braderies.

Bien entendu, certains vont au marché pour flâner, pour parler, pour rencontrer du monde : les badauds. 

C'est le côté convivial de cette forme de commerce millénaire qui a repris des galons. Il y a un côté beaucoup plus humain lorsqu'on achète au marché.

Entre commerçants, cette convivialité se perd parfois. Comment vous dire? Avant, on allait s'acheter du pain chez tel, du fromage chez tel autre, on se procurait de la boisson et on partageait un casse-croûte avec d'autres cam' vers 8-9 h du matin. On était prêts à se rendre des services, à se prêter du matériel si nécessaire et même à se partager la place !

Comme la plupart des stands ne sont malheureusement plus repris par les enfants des commerçants, il y a de plus en plus de nouveaux, inconnus, pas forcément près à rentrer dans la mentalité du partage, de la solidarité...

J'aimerais également que les stands de type bazar se développent davantage. Ainsi, le marché sera comme avant l'endroit où l'on trouvera de tout, avec un contact client-commerçant privilégié (que l'on ne perçoit pas dans les grandes surfaces). Bref, un retour à une tradition, nécessaire dans notre société.

 

Vous êtes également  vice-président du Syndicat des Commerçants non sédentaires du Bas-Rhin  (appartenant à la FNSCMF) . En quoi consiste votre tâche ?

MF :
Tout d'abord notre syndicat c'est le lien entre le commerçant et la Municipalité pour les 630 adhérents du Bas-Rhin. Je défends également notre métier. J'essaye d'en posséder les clés, d'aider les personnes dans les démarches administratives, de conseiller. Parfois, il y a des problèmes d'emplacement et on me sollicite en tant que représentant du syndicat; mais il m'est impossible de pratiquer du favoritisme (au nom de quoi d'ailleurs ?) et dois respecter les règlements (certains ne le comprennent pas !)

La Présidente Nationale de la Fédération est Monique Rubens.  Le Président d'honneur est Claude Cornoueil qui gère également notre département du Bas-Rhin. Nous nous voyons régulièrement pour des mises au point (je suis au syndicat une ou deux après-midis par semaine) C'est une activité chronophage et bénévole qui n'est pas évidente. Certains râlent facilement mais ne font aucun effort pour donner de leur temps, de leur énergie ou de leur écoute à la defense du métier.

Nous sommes plus de 110 000 entreprises dans notre métier sur toute la France. Il faut savoir que deux-tiers des stands sont non-alimentaires, et nous veillons à conserver un équilibre pour que les 6 000 marchés nationaux deviennent des lieux où l'on a envie d'aller et d'acheter.

 

Si quelqu'un voulait devenir commerçant non sédentaire dans notre département, comment devrait-il agir ?

MF :
Bien-sûr il faut d'abord s'inscrire dans les règles de l'art au registre du commerce de Strasbourg (Chambre des Métiers du Bas-Rhin). Ensuite il faut un véhicule adapté et du matériel pour exposer... Et de la marchandise...

Il faut être en bonne santé physique et endurant, ne pas compter les heures, se contenter d'un jour de loisirs et en général d'un salaire très moyen
et savoir ce qu'on veut vendre ! Quelqu'un qui propose la vente de chaussures par ex., sur un marché où un tel stand n'existe pas, a plus d'intérêt que d'en présenter un de fruits et légumes sur un marché qui en comporte déjà plusieurs. On évitera aussi de mettre deux stands de mêmes produits l'un en face ou à côté de l'autre. Du moins c'est la logique qui voudrait ça. 

Mais la réalité est souvent difficile : être immatriculé est une chose, avoir un emplacement une autre. Lorsqu'il y a trop de commerçants par rapport aux places disponibles, un tirage au sort est effectué le matin ! Hé oui, essentiellement dans les grandes villes comme Strasbourg ! Ce n'est pas facile et il faut de la chance ou de la patience...

Lorsqu'on a une place, un employé de la ville (le placier) vient contrôler votre carte professionnelle, valable deux ans, et percevoir le prix de l'emplacement. 

Si vous avez une place permanente (parfois il faut attendre des années), vous payez différemment : à Haguenau, par exemple, c'est 130 euros par an et par mètre de stand, payable trimestriellement.

Nous n'avons pas de bail commercial, mais une autorisation accordée par la municipalité. Cependant, comme nous faisons partie de ceux qui possèdent un abonnement à un emplacement fixe, nous devons payer en plus une taxe professionnelle; donc, sept emplacements par semaine signifient 7 taxes professionnelles ! Ce n'est pas rien !

Quelques conseils pratiques : visiter des marchés de votre région et faire un bilan des articles manquants ou très peu représentés (il ne s'agit pas de faire un Xe stand d'un produit déjà présent, style la confection !!!! Souvent il manque des stands de chaussures, articles pour enfants, bazar, mercerie, toiles cirées et blanc, disquaire...) Penser à prévoir un budget pour la camionnette ou camion-magasin... et pour le stand, ne pas hésiter à demander conseil à un commerçant ambulant : combien de fois ai-je vu des jeunes dans la profession, commencer avec des parasols non adaptés à la structure du stand, des présentoirs inadaptés... C'est un forgeant qu'on devient forgeron, certes, mais on peut s'éviter des dépenses superflues si on raisonne correctement au départ !

Et attention, il y a des semaines où il est impossible de déballer (intempéries, manque de place...) Penser à commencer un marché en hiver pour avoir des chances d'y continuer plus tard, d'autant plus que de plus en plus de marchés sont saturés vue le nombre exponentiel de stands depuis quelques temps ! Ne pas oublier que ce métier est quand même dur au niveau physique et mental... Et que ce n'est pas parce qu'on a une camionnette et quelque chose à vendre que tout fonctionnera sur des roulettes !!! 

Bon courage et bonne chance !

Pour de plus amples détails, il faut s'adresser à la Mairie, à la CCI de Strasbourg et du Bas-Rhin (10 Place Gutenberg -
67000 Strasbourg - Tél. : 03 88 75 25 25) et contacter le syndicat (Fédération nationale des syndicats de commerçants non sédentaires - 14, rue de Bretagne- 75003 Paris - Tél. : 01 48 87 51 45)

 

Des loisirs ?

MF :
J'aime le contact et la communication ... En groupe, mais aussi en tête-à-tête ;-)

Avec mon travail, il m'est aussi nécessaire d'avoir des plages de tranquillité !

J'adore découvrir de nouvelles recettes pour le plaisir de bien manger...

J'ai également besoin de me dépenser physiquement et maintenir ma forme à travers le sport. Je suis capable de prendre mes chaussures de sport et de courir des kilomètres sous la pluie, même si je suis levé depuis cinq heures moins le quart ! 

Internet, c'est un moyen de communication et d'informations certes... Mais que voulez-vous, rencontrer les gens en live c'est bien plus agréable et humain à mon goût !

 

Michel Fuchs respire l'âme du marché
 
par sa simplicité et sa convivialité. 

 

 

(Paris-Mérinos, sur les marchés du Bas-Rhin - dont Haguenau - depuis des décennies ! La QUALITE pour un prix raisonnable... La famille FUCHS est à votre écoute, vous conseille pour les bons choix... Vous êtes une femme, un homme ? Junior, Sénior ou entre les deux ? Vous cherchez des pulls, gilets, débardeurs, chemisiers, tuniques, tee-shirts ? Ou des caleçons, des jupes, des vestes... ? Classique ou sportswear ? De la taille 36 à des grandes tailles jusqu'à 62 ? Ce stand est forcément fait pour vous !)

www.paris-merinos.com

Lien gratuit pour mon ami Michel Fuchs

 

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 Lisa Messmer           

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