**** Netcomete - Rémy BRICKA...Homme-orchestre traversant les océans... Et originaire de Niederbronn

INTERVIEW 2014
Rémy BRICKA

Rémy, vous faites partie de la mémoire collective, vous êtes gravé dans l’esprit de plusieurs générations. Beaucoup de personnes ont en tête au moins une chanson que vous avez interprétée, une image de vous en homme-orchestre ou en homme sur skis flotteurs défiant les océans… Vous êtes comme un "fou génial", avec une imagination en ébullition et frôlant parfois les limites du raisonnable, allant jusqu'à l'extrême.
Mais quoi que vous fassiez, quoi que vous réalisiez, vous marchez toujours, restez debout, en regardant de l’avant.

Oui, en fait je me sens comme un escargot qui porte son chargement sur le dos, avec sa coquille — en guise de carapace anti-timidité au départ. Il n’avance pas forcément vite, mais finalement il fait son chemin comme il le souhaite. Une analogie avec une Fable de la Fontaine : celle du lièvre et de la tortue !

Depuis quand résidez-vous à Paris ?

Depuis 1968; il y a donc déjà quarante-six ans que je vis dans la capitale.
Au départ, j'ai vécu quelques années dans un Foyer de Jeunes, rue de Trévise, dans le 9^earrondissement.
Par la suite, j’ai trouvé un appartement à louer, ici, au 3^e étage de cet immeuble du 17^e arrondissement. L’emplacement me semblait un peu compliqué ; mais progressivement je me suis mis à aimer ce quartier des Batignolles, son ambiance, ses habitants, son square… J'ai donc souhaité y rester et cherchais à y acheter un logement. Je n’étais plus avec mon amie de l'époque mais c’est par son biais que ma carrière a vraiment débuté : elle fréquentait un producteur qui m’a mis le pied à l’étrier pour "booster" ma carrière dans la chanson et m’a permis d’obtenir un disque d’or - un million de faces pour "la vie en couleurs". Entre temps, j’ai fait la connaissance de Marie-Rose qui est devenue ma femme. Marie-Rose est d’origine bretonne et je l'ai rencontrée par l'intermédiaire de ma sœur. Nous avons acquis l’appartement du rez-de-chaussée pour y habiter.

Un jour, j’ai appris que mon voisin du 2^e allait fêter ses 100 ans… Sans hésiter, je suis arrivé chez lui, en homme-orchestre, sans prévenir qui que ce soit; j’ai sonné à la porte et déclamé que j’allais faire un peu de musique ! En avant pour le show, feu d’artifice y compris ! Lui et ses invités ont apprécié... et ouvert les fenêtres aussi !
Ce voisin a encore vécu quelques années et sa femme aussi est devenue centenaire ; à un moment donné, elle souhaitait vendre son appartement; Marie-Rose et moi en sommes devenus les acquéreurs, à notre grande joie.

Nous logeons désormais dans ce fameux appartement du 2^e.

Rémy Bricka dans son appartement parisien en janvier 2014.
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Marie-Rose et moi avons installé nos bureaux au rez-de-chaussée. C’est notre espace de travail et d'accueil...

Rémy Bricka assis à son bureau parisien.
Au mur :
- l'un de ses tableaux ("La corne d'abondance")
exposé en 2004 à Niederbronn,
- le trophée du Prix "Victor de l'Aventure"
qui lui a été décerné en 1988
après sa traversée de l'Atlantique,
sur skis flotteurs, sans eau ni vivres,
- son disque d'or (1977)...
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En face, nous avons aussi un atelier et un emplacement réservé aux colombes. Nous nous sentons bien ici et nous avons notre cercle amical dans l’arrondissement.

Quels sont vos liens avec l'Alsace du Nord, en particulier avec Niederbronn-les-Bains où vous êtes né ?

A Niederbronn, résident quelques cousines et cousins, notamment Jean-Paul Pfeiffer qui est un ancien gardien de but du Club de football de la commune. Il est d’ailleurs aussi fin connaisseur de la forêt environnante et de l’histoire locale. Mon père, Fritz Bricka, protestant, était originaire de la ville; et jusqu’à peu y vivait encore sa sœur, Frieda Pfeiffer, décédée à 94 ans l’an dernier. Le mari de cette dernière était également mon parrain ; et les liens qui nous unissaient étaient forts. Actuellement, plus personne ne porte le nom de "Bricka" à Niederbronn, mais il reste tout de même des membres de ma famille.

Rémy Bricka, le 5 juillet 1952, avec son papa Fritz.
Baignade estivale au "Katzelwässerle" (Cascade du Martinet)
à Niederbronn-les-Bains.
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J’ai aussi plaisir à voir le maire, Frédéric Reiss, à la télévision ; encore récemment lors d'une séance à l’Assemblée. C’est un homme très apprécié pour ses actions, son ouverture et son charisme.

Ma mère Lili, protestante aussi, est née Schweitzer. Elle a passé son enfance à quelques pas de là, à Baerenthal.

J’ai donc un côté "Alsacien du Nord - Mosellan" et protestant qui est enraciné en moi et me donne une certaine vision des choses…

De ma naissance à mes 5 ans, j’ai résidé à Niederbronn. Je suis né au Centre, rue Wilson (actuelle rue du Général de Gaulle), dans la maison du Pasteur Breisach qui louait le premier étage à mes parents... En-bas, se trouvait d’ailleurs une petite épicerie. Cette demeure n’existe plus et a laissé place au parking de la synagogue.

Maison-Epicerie du Pasteur Breisach
à Niederbronn-les-Bains. Photo 1988.
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Mes parents se sont installés ensuite un peu plus loin dans la rue principale, route de Reichshoffen, juste après le premier maraîcher bio-fleuriste, dans la maison Bury… Mes parents l’avait louée à Monsieur et Madame Bury, les parents du vice-champion olympique, Michel Bury. Par la suite, cette ancienne propriété a été rachetée par la Ville qui l’a démolie pour y construire les entrepôts du Centre Technique municipal.

Rémy Bricka, en 1949, porté par sa maman Lili.
Maison à colombages de la famille Bury
à Niederbronn-les-Bains.
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Puis nous sommes allés habiter à deux pas de là, dans la ville voisine, à Reichshoffen. Mon père, maçon, y a construit une maison
rue des Zouaves… Je sais que ce nom a souvent fait sourire, comme un signe du destin pour "aller faire le zouave" !
En réalité, c’est un hommage aux militaires originaires d’Afrique du Nord qui ont fait partie de l’infanterie française et ont combattu les Prussiens en 1870, lors de la bataille de Froeschwiller-Woerth qu’on appelle la bataille de Reichshoffen. Ils seraient passés par ce chemin, nommé rue des Zouaves en leur hommage.

Vous reste-t-il un souvenir particulièrement marquant de votre jeunesse à Niederbronn ?

J'allais à l’école maternelle qui se situait alors en face de l’église protestante ; actuellement on y trouve un grand parking et l’école a été construite un peu plus en arrière. Mon père me cherchait souvent à la sortie de la classe. Or, un jour, au moment où il est arrivé, la sirène a retenti. Comme mon père était également pompier volontaire de Niederbronn, il m’a fait traverser le carrefour pour que je sois sur le bon trottoir, m’a donné des consignes, indiqué que je devais avancer jusqu’à la maison tout seul en m’expliquant qu’il avait une urgence à assurer. J'ai eu très peur, je n’avais pas vraiment idée de la localisation exacte de la demeure familiale, mais j’y suis arrivé tout de même ! Ce qui m’a vraiment marqué, c’était que mon père avait privilégié son devoir de pompier, son sens du civisme avant son devoir de père. A l'époque, je ne pouvais le comprendre.

Autre souvenir : adolescent, j'ai travaillé à la Menuiserie Pfeiffer de Niederbronn durant les vacances pour me payer ma guitare.

Et peu après, j'ai proposé à mes proches, mes cousines et cousins, le premier spectacle d'homme-orchestre sur le chemin forestier du Wintersberg ! Je ne me déplaçais pas encore avec plus de vingt instruments pesant plus de trente kilos, mais c'était déjà un début prometteur !

Premiers spectateurs qui encourageaient le "jeune-homme-orchestre" :
les cousines-cousins de Niederbronn
(dont France - en robe bleue sur la photo -
qui est aussi la filleule de Rémy Bricka)
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Et déjà le nom "tout en haut de l'affiche"...
ou plutôt du ballon !
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J’ai eu besoin d'évoquer les points qui ont marqué mon enfance à Niederbronn, puis à Reichshoffen, dans mon dernier ouvrage, car elle ne fut pas évidente. J'y souligne notamment le fait que ma mère devait absolument épouser un protestant alors qu'elle n'en était pas amoureuse, et ce qui en a suivi, c’est-à-dire son côté volage… Et son amour particulier, ne me permettant pas vraiment de m'épanouir en fonction de ce que j'étais et souhaitais.

"Mes traversées pacifiques",
la biographie écrite par Rémy Bricka,
et publiée en 2007 aux Editions du Rocher.
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Et depuis que vous êtes installé à Paris, vous éprouvez tout de même le besoin de retourner en région alsacienne, là où sont vos racines...

Quand ma fille Victoria était plus petite, nous nous rendions régulièrement en Alsace du Nord pour voir la famille, dont ma grand-mère à Haguenau.

Quatre générations réunies.
De gauche à droite :
La maman Lili, la "Oma"(grand-mère) Schweitzer,
la fille Victoria et Rémy Bricka
chez la tante Colette Semler de Haguenau.
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Ces dernières années, je m'y rends dès que mon planning me le permet et que j'en ressens le besoin.
Et je n'hésite pas à m'exprimer en dialecte !

Je reste présent pour des shows dans diverses communes alsaciennes, ou limitrophes, mosellanes…
Ou juste après la frontière française : récemment encore j'ai donné des spectacles pour fêter la nouvelle année à l'Europa Park de Rust…
Une place du parc d'attractions porte même mon nom ! Joli cadeau !

Rémy Bricka dans le quartier alsacien de l'Europa Park à Rust.

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Actuellement, lorsque je suis en Alsace, j’essaye de passer à Haguenau, chez mon ami Raymond Schlegel, directeur de Radio Liberté.

Et bien entendu, je me rends à Niederbronn-les-Bains pour rendre visite à mes cousines et cousins.

Vous avez évoqué une quincaillerie niederbronnoise, avenante, pleine de trésors et qui a su garder son charme d'antan. Comme je suis curieux et bricoleur, j'irai y faire un tour !

J’ai des souvenirs plaisants dans la commune : la projection du documentaire sur ma traversée de l'Océan, le spectacle devant les enfants de Niederbronn, l’arbre planté à la Wasenbourg en 2001, l’exposition d'une partie de mes tableaux à l’Office de Tourisme de Niederbronn en 2004; manifestation artistique qui a d’ailleurs eu un vif succès. Cela m'a mis du baume au coeur.

A propos de vos tableaux, on en voit aux murs de votre appartement, de votre bureau. Les styles sont très différents mais on saisit votre passion pour la peinture. Le côté artiste-peintre de votre personne est un aspect moins connu.
Vous êtes un touche-à-tout sportif, auteur-compositeur-interprète, bricoleur, écrivain, artiste peintre aussi…

Oui, dès ma jeunesse, j’ai eu plusieurs passions.

D’abord le sport. Grâce à René Sadler qui était professeur de sports au Collège de Reichshoffen, j’ai compris que j’aimais le saut en longueur mais surtout la course. L’endurance mais surtout la vitesse. René Sadler a été un sportif et un entraîneur hors-norme, passionné, doué, le guide dont j’avais besoin à ce moment-là. Et je me suis beaucoup donné dans les activités physiques. J’ai d’ailleurs été champion d’Alsace du 150 mètres. De nos jours encore, je continue à courir, au Parc Monceau par exemple.

Pour ce qui est de la musique, de la chanson, déjà très jeune, j’écoutais en cachette les tubes "yéyé"à la radio. J’ai baigné pleinement dans cette période "Salut les Copains". Et j’avais un rêve tenace : celui d’acquérir une guitare ! J’ai donc travaillé durant les vacances à la Menuiserie Pfeiffer de Niederbronn pour gagner de quoi la payer. J’ai insisté pour que ma mère m’emmène à Haguenau acheter l’instrument de mes rêves. Là-bas, dans un magasin de musique, j’ai acheté la première guitare venue. J’ai pris quelques cours à Reichshoffen. Ma mère n'y voyait pas d'inconvénient car elle pensait qu'alors j’allais pouvoir me faire un peu d’argent en jouant dans les bals du samedi soir ; mais ce n’était pas mon objectif ! Par contre, grâce à l’apprentissage de la guitare, c’était parti pour ma carrière de musicien et de chanteur ! Très vite, avec mon imagination débordante, mon esprit poétique, j’ai inventé des chansons et rajouté des instruments. Le jeune-homme-orchestre était né. Comme dit précédemment, mes premiers spectateurs furent mes proches : mes sœurs et frères, mes cousines et cousins.
Mon premier concert devant d'autres personnes, je l’ai proposé lorsque j’étudiais au Centre d’enseignement technique et industriel de Bischwiller; ce fut le concert de la "Veillée de Noël". J’ai été hué ! Mais deux ans après, j’ai "embarqué" ma guitare et suis parti avec mon deux-roues (Mobylette) de Reichshoffen à Bischwiller, bravant les routes enneigées et verglacées pour reproposer un concert de Noël au même endroit, où mon frère cadet suivait à ce moment-là une formation de soudeur. Il fallait que je le fasse. Et là, j'ai été très applaudi !

1^erconcert "Veillée de Noël"
au Centre d'apprentissage de Bischwiller.
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Une revanche. Comme quoi il ne faut pas se laisser abattre par un échec mais persévérer. Et la suite m’a donné raison !

Je travaillais alors en Allemagne et j'y suivais des cours de chants.

Mais à 18-19 ans, je n’avais pas dit mon dernier mot au niveau musical ! Je suis parti à Paris avec ma guitare, j’ai joué dans la rue… et me suis fait arrêter par la Police car en tant que mineur sans autorisation parentale, je n’avais rien à faire là. Il fallait avoir la majorité, 21 ans, ou se prémunir d'un papier des parents. Je n'avais ni l'un ni l'autre; j'aurais pu aller en maison de redressement, mais les agents m’ont laissé rentrer à la maison… Pour mieux repartir quelques temps après. Spectacles dans la rue, auditions… Puis j'ai été l’invité de Philippe Bouvard dans son émission télévisuelle "Chez Maxim’s". Quant à la Star Academy de jadis, c'était le Petit Conservatoire de Mireille, où j’ai suivi des cours et grâce auquel je suis passé, en tant qu’homme-orchestre, dans les émissions du samedi après-midi sur la première chaîne télévisuelle.
Un jour alors que j’étais invité par Jacques Pradel à France Inter, j’ai côtoyé Maxime le Forestier qui m’a suggéré de ne plus continuer le Petit Conservatoire de Paris et de trouver un autre moyen d’aller vers le succès. J’ai joué sur les Grands Boulevards, dans des théâtres, des cafés, j’enchaînais de petits contrats, j'ai sorti mon premier disque chez DECCA avec ces paroles qui illustraient bien ma vie d’alors :
Pour un dollar, pour un penny,
C’est en chantant sur les trottoirs
Que j'gagne ma vie…

Je me suis retrouvé engagé sur le Bateau France aussi. Belle expérience. Tout comme, à la fête de Noël de l’Elysée sous Giscard…

Peu après, avec la rencontre du producteur idoine et une chanson entraînante et positive qui plaisait, un concept d’homme-orchestre avec colombe et lapin domestiqués, feux d’artifice en prime, j’ai obtenu un disque d’or, j'ai vraiment gagné ma vie avec la musique, la chanson. C’était juste énorme ! J’avais de quoi vivre et la reconnaissance en prime !

1977 - Rémy Bricka tient son Disque d'or.
Plus de 500 000 disques vendus avec la chanson "La vie en couleurs"
et 250 000 avec "Elle dit bleu, elle dit rose".
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A partir de là, beaucoup de nouveaux contrats ont été signés. J'ai été invité partout, en France, Allemagne, Italie, Espagne, Amérique du Sud... J'ai vécu des moments diversifiés et surprenants : Final du défilé de Jean-Paul Gaultier, Festival du rire à Montréal, Coupe du Monde...

Rémy Bricka et Helmut Kohl tenant la colombe.
Fête des Enfants, Chancellerie à Bonn.
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Calendrier 365 jours avant l'An 2000.
A chaque jour son artiste !
La Tour Eiffel affiche - 194
Rémy apparaît pour le 21 juin 1999,
jour de la Fête de la Musique.
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Je pouvais donner libre cours à ma vocation d’auteur-compositeur et interprète… atypique, sortir d'autres 45 et 33 tours.

Une discographie variée. Titres et pochettes à voir ici.
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Pour moi, le temps était venu de me perfectionner, de me permettre enfin les études poussées qui m'inspiraient, je me suis "accroché", très motivé, et c’est ainsi que j’ai obtenu une licence universitaire d’enseignement de musique à Paris.

Mon côté manuel et bricoleur, je l’ai peaufiné grâce à ma formation d’ajusteur à Bischwiller. En fait, tout est parti d’un malentendu. Quand ma mère a demandé ce que je voulais faire comme études, j’ai répondu "Zeichner", pensant à l’artiste-peintre, au dessinateur d’art. Elle m’a inscrite dans une section de dessinateur industriel ! Cela ne m’inspirait pas ! J’ai fini par migrer vers la section "ajusteur" et là ça me parlait vraiment ! Très vite, j’ai été premier de la classe. J’ai obtenu des prix comme celui décerné par Bugatti...
Mon CAP en poche, j’ai travaillé à Karlsruhe, Stuttgart, chez Siemens, chez Bosch… Les salaires et le D-Mark étaient prisés. Mais, mon désir de devenir dessinateur, artiste-peintre n’était pas assouvi. Vers 18-19 ans, j’ai voulu suivre les cours de l’Ecole d’arts graphiques à côté de Francfort où j’étais accepté. La majorité étant fixée à 21 ans, il me fallait la signature de ma mère. Elle n’a pas voulu, c’eût été une année sans revenus. Il a fallu attendre longtemps pour que s'épanouisse ce côté artiste-peintre que je pense tenir de mon père. J'ai fait mes premiers pas dans la peinture lorsque ma fille Victoria a commencé à peindre avec ses gouaches en vacances en Normandie. Et surtout, j’ai dû traverser l’océan Atlantique et tenter la traversée du Pacifique pour oser enfin traverser la rue ici à Paris et prendre des cours à l’atelier en face durant huit années !

Premier tableau à l'huile (sur carton)...
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... suivi de nombreux autres sur toiles
dont certains ont été offerts ou vendus.
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Dans ma jeunesse, les conditions n’étaient pas réunies pour que je suive les cours qui me correspondaient, pour poursuivre des études à plus haut niveau.. Mais je me suis bien rattrapé depuis ! Finalement, malgré les difficultés rencontrées dans mon enfance — ou peut-être à cause d’elles —, je me suis battu sur plusieurs fronts et m’en suis plutôt bien sorti !

Je raconte ma traversée de l'océan Atlantique dans un livre que j’ai écrit avec l’aide de la journaliste Anne Réalle.

"L'homme qui marche sur l'eau.
L'Atlantique sans eau ni vivres'',
publié en 1988
aux Editions Arthaud.
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Mais le deuxième ouvrage, ma biographie ("Mes Traversées pacifiques") évoquée tout à l'heure, je tenais à l’écrire moi-même, sans doute pour me prouver aussi que j’étais capable d’être "écrivain" et parce que j'éprouvais ce besoin de mettre des mots sur mon vécu, de le clarifier..

Tout au long de ces décennies, j’ai eu la chance de vivre de nombreux moments de joie.
J’ai pu exercer mes talents dans divers pays, j’ai participé à tant d’émissions radio et TV (dont ces cinq dernières années au "Jacky Journal", à "Tout le monde en a parlé" de Thierry Ardisson, au "Grand Cabaret du monde" de Patrick Sébastien, à "Rendez-vous au Gîte" de France 3 Lorraine...), à des documentaires (par exemple, la Traversée des Mondes). J’ai été acteur dans un court métrage ("Le Pain, le Vin et le Sel"). Au Japon, l'une de mes chansons a servi de générique à une émission pour enfants sur NHK.
Bien sûr, une myriade d’articles écrits à mon sujet dans les journaux, revues...

D'autres rendez-vous médiatiques sont prévus en 2014.

En 1988, muni de skis flotteurs, d'une pagaie double et d'une nacelle, sans eau ni vivres, vous avez traversé avec succès l'océan Atlantique en deux mois. Puis en 2000, vous avez tenté l'océan Pacifique où vous êtes resté cinq mois... Marie-Rose a d'ailleurs évoqué dans un article l'opération sauvetage qu'elle a mise en place. Faites-vous des rêves, des cauchemars, encore maintenant, suite à ces défis sportifs et maritimes, ces expériences hors norme ?

Pas de cauchemars, plutôt des rêves agréables. Je rêve souvent de mer, d’eau. C’est paisible. Je suis dans une barque, il y a des sirènes, des personnages fantastiques, une île...
C’est un peu l’île enchantée de Casimir et non plus la survie en skis flotteurs !

D’ailleurs, même si vous ne participez pas à la tournée "Age tendre et Têtes de bois", il vous arrive de vous produire pour des spectacles autour de la génération Dorothée, avec notamment les fameux Casimir et Nestor le Pingouin…

Exact. C'est un plaisir de retrouver cette période dont une partie du public est nostalgique. Ceux qui ont suivi Dorothée dans leur jeunesse. Et les petits découvrent avec bonheur cet univers !

Pour la tournée "Age tendre et Têtes de bois", celle des idoles de 60 à 80, rien n'est figé. Qui sait ?
"La vie en couleurs" et "Elle dit bleu, elle dit rose" restent des tubes entraînants, gravés dans le coeur d'une génération.

Vous êtes inter-générationnel et vous plaisez toujours autant, ne laissez pas indifférent…

L'homme-orchestre avec ses nombreux instruments, son feu d'artifice, ses colombes, ses chansons atypiques... fascine petits et grands. D'ailleurs, voici un cadeau reçu à Faulquemont, fin décembre :

Et depuis que j’ai participé au clip de Julien Doré et que ce clip a obtenu un prix, les 15-45 ans me reconnaissent aussi en tant qu’homme-orchestre du clip de Julien Doré !!

Julien est un être doué, charmant et intelligent, original aussi, et son côté décalé fait que je m’entends forcément bien avec lui. Quand il m’a proposé d'intervenir dans la vidéo, c'était une évidence que j'accepte ! Nous nous sommes réjouis mutuellement !

Quelques mots sur vos animaux ?

Je n’ai plus de lapin, mais toujours deux colombes apprivoisées: Coco et Chanel, dans la volière en face.

La Colombe est blanche, symbole de pureté, d’innocence, de paix… et de mélange des couleurs.

Je joue en blanc…

Vos rêves à venir ? La conception d’un objet original, un défi fou ?

Pas vraiment ! Là je suis en paix avec moi-même, je veux donner du bonheur à ma famille, aux autres…
J'ai un projet d’écriture de chants pour enfants.

Et encore cette envie de me bonifier, d'avancer; en ce moment je perfectionne d'ailleurs mon anglais !

Bien entendu, je propose toujours des spectacles publics ou privés, déguisé en homme-orchestre...